En forme de femme

Simplicité

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Le ciel du Québec nous est tombé sur la tête en textures variables toute la journée de vendredi. La pluie, la pluie verglaçante, la grêle et la neige s’alternaient dans le désordre complet, comme si Dame Nature n’était vraiment plus sûre de rien. Dès mon réveil, samedi matin,  j’ai jonglé avec l’idée de faire ma petite course de 5 Km en salle, bien au sec et sur la surface plus-que-parfaite du tapis roulant. J’allais prendre place dans la voiture pour m’exécuter, vers 21 heures, quand j’ai finalement décidé de faire cette sortie à l’air frais. Le temps était doux et la soirée calme, tant pis pour l’hiver qui ne donne pas de répit.

J’aurais manqué tout un spectacle, si j’avais ignoré mon élan de dernière minute. Mon cartier est à l’ombre de grands arbres matures qui, après avoir été recouverts de glace et de neige, formaient dans le soir un paysage féérique. J’ai couru le long de la rue principale au milieu des branches de cristal et des conifères pleureurs, tout simplement heureuse d’être là où j’étais.

Ma montre GPS s’est éteinte avec sa pile avant que je n’atteigne 500 mètres. J’ai d’abord été irritée par ce détail, mais je me suis rapidement ravisée : même si je ne pourrais tirer de cette course aucune donnée précise sur la distance, le temps, mes fréquences cardiaques ou mon allure, et même si elle ne laisserait dans ma montre et dans mon ordinateur aucune trace, je savais déjà qu’elle serait mémorable. Le souvenir d’un moment d’enchantement vaut parfois la peine d’être cueilli en toute simplicité.

C’est d’ailleurs sous le signe de la simplicité que progresse l’ensemble de mon entraînement depuis le début de l’année. J’arrive à la fin du premier tiers de mon programme d’hiver, dont l’objectif est d’élever mon kilométrage hebdomadaire à 40 Km/semaine. L’endurance fondamentale est ma seule préoccupation. Le travail en intensité ne me manque pas, même que j’apprécie tout particulièrement de n’avoir que la distance comme contrainte dans les conditions hivernales qui sont les nôtres. Je roule mes kilomètres et j’avance, tout simplement.

Même scénario sur mon tapis. Le studio de yoga que je fréquentais depuis l’été a fermé ses portes après Noël, j’ai donc profité d’une promotion pour me procurer un abonnement annuel illimité au site Yogadownload.com. Pour moins de 60$, je peux maintenant télécharger toutes les pratiques de yoga offertes, choisir celle qui sied à mon humeur et à ma forme du jour, et dérouler mon tapis à la maison, à l’heure qui me convient et pour une durée que j’ai choisie. Cela veut peut-être dire que là où je pourrais repousser mes limites en classe, je m’en tiens à ce qui est plus confortable, mais je vis bien avec cette paresse relative, qui me semble saine périodiquement. Nul besoin de me dépasser 365 jours par année. Je reconnais la valeur des choses faites sans exploits.

Pendant que je travaille ainsi mon endurance fondamentale, il me semble tout naturel de rechercher un état d’esprit plus posé, à l’écart de l’énergie explosive qui accompagne la préparation à une performance. Qui sait? Peut-être cet état d’esprit, une fois atteint ici, débordera là, dans d’autres sphères de ma vie. J’y crois.

« Our life is frittered away by detail. […] Simplify, simplify, simplify! » – Henry David Thoreau, Walden

3 réflexions sur “Simplicité

  1. Je crois fondamentalement à ça moi aussi Sonia! Tu passes un hiver tout doux au rythme des kilomètres qui s’accumulent; j’adore! Bravo Sonia! Très beau billet, très rafraîchissant!

  2. Billet tout simplement magnifique ! Il ne faut jamais perdre de vue la simplicité de ce que l’on fait et ce, même au travers de nos soi-disant exploits. Cette façon de penser est un des éléments primordiaux qui nous permettent de durer en course à pied ou dans toute autre activité de notre vie. Lorsque l’on complique trop, on risque de régresser.

  3. Merci Sonia. Je tâcherai de m’en souvenir à la prochaine attaque de chialage. Doudoune attitude.

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